BABEL, un roman de R.F. Kuang.

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Voici une lecture exigeante. Une lecture qui vous emporte dans les confins de l’origine et de la multitude : la linguistique. L’auteure en est une experte et ici le démontre avec une facilité déconcertante. Décrypter, décortiquer les langues « vivantes et mortes » (de notre point de vue) est le moteur central de ce récit épique et bouleversant. Direction Londres, Oxford et ses multiples colonies. Un monde assez proche du notre mais qui dénote par une singularité : la révolution industrielle est due à des petites barres qui une fois gravées conférent des pouvoirs à l’immatériel.
Dans un contexte historique marquant, la colonisation et la fin de l’esclavage, quatre étudiants, deux jeunes femmes et deux jeunes hommes, aux origines diverses deviennent des étudiants à Babel. La fameuse tour d’Oxford à la réputation éternelle, synonyme de pouvoir, de richesse et de sagesse devient ainsi le théâtre de convoitise, de manipulation et d’insurrection. Des choix idéaux, idéologiques, des choix qui mènent vers un final glorieux, héroïque. Chaque personnage a une histoire distincte. Une histoire douloureuse, de déracinement, de perte, d’appropriation identitaire. Un passé qui définira l’adulte en devenir avec ses convictions et qui le poussera à des réflexions sur le sens du devoir, de la justice. 
Si vous rêviez d’un roman aux rebondissements incessants et autre actions hallucinantes, passez votre tour (seules les 200 dernières pages vous conviendriez). R.F. Kuang explore l’univers de la linguistique avec assiduité et précision. Elle pose les bases d’un univers mystérieux avec de nombreuses références historiques dont j’ai pris le temps de découvrir. Ce roman est d’une richesse incroyable. Ma curiosité est repue. C’est ce point ci que j’ai le plus apprécié. Et en seconde position l’aspect historique (Guerre de l’opium 1839). J’ai eu l’audace d’aller lire les avis négatifs. Certain.es vous parleront de manichéisme, de binarité, de racisme et autres joyeusetés. Alors dans un sens oui. Mais faut-il s’offusquer ? Le colonialisme, l’esclavage sont bien le produit de la classe politique « européenne » blanche et des commerçants blancs qui ne voyaient que le profit avant l’Homme. C’est la triste réalité de notre monde dont R.F. Kuang délivre dans ce récit col,ossal le plus beau et le plus laid. Les combats n’ont jamais cessé et comme la plupart d’entre eux, et à notre époque moderne, démarrent de l’idéologie estudiantine. 
Un long roman mais si c’est beau.

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