
AUTOBIOGRAPHIE
Éditions La Croisée
Années 80 dans le nord de l’Angleterre. Yrsa grandit avec son frère Roo et sa mère infirmière, dans un quotidien que leurs rêveries d’enfants illuminent. Démunie, leur mère les confie à leurs grands-parents, membres de l’Église Adventiste du 7eme jour. Au fil des ans, tiraillée entre une éducation rigoriste et ses désirs naissants, Yrsa subit, de façon insidieuse puis frontale et traumatique, l’emprise des hommes sur son corps transformé. Le récit d’Yrsa est le contrepied poétique et touchant au male gaze, par la voix mutante (traduite par Julia Kerninon) d’une enfant, d’une soeur, d’une ado, d’une escort, d’une poétesse dans l’âme, d’une femme en plein empowerment. Véritable expérience de lecture, jouant avec les formes, la page, la typographie, La Vie précieuse est un ultra-moderne récit de formation, qui rappelle les effets de composition cinglants de la réalisatrice Michaela Coel (série I May Destroy You) et les envolées pleines de vie et de rage de Kae Tempest.Libre, déterminée, militante féministe et intersectionnelle, Yrsa Daley-Ward a imposé sa voix dans le monde entier, saluée par le Pen Prize du meilleur roman autobiographique. Traduction anglais Julia Kerninon.
Ma note : 4,5/5
Mon avis
Je n’ai pas par habitude de lire des autobiographies. Je me suis laissé séduire par la couverture qui invite à la poésie, à la douceur, à la rédemption. Je ne connaissais pas du tout cette artiste et encore moins les différentes collaborations. Ce livre n’a donc assouvi aucune curiosité que j’aurais pu avoir.
Yzra Daley-Ward dépeint sa vie avec courage et surtout une abnégation et humilité à toute épreuve. Comme si, elle avait pardonné à la vie toutes les épreuves qu’elle a endurées. Tout du long de ma lecture, j’ai eu cette impression d’entendre la voix fluette d’une petite fille qui raconte son chemin de vie. Elle en parle avec une détermination infaillible et elle en tire toujours des leçons.
Un style qui joue entre la poésie et la violence. Comme si la musique des maux pansait toutes ses blessures, ses addictions, son hypersensibilité. Comme si la lumière des mots protégeait l’âme d’une vie déchirée, maltraitée.
Un récit intime pendant lequel la noirceur valse et grignote les chairs. Un aveu de ses faiblesses, de ses erreurs, de ses doutes, de ses craintes, de sa non-vie essoufflée par les addictions.
Dans ce tragique, nous sentons cette petite étincelle qui survit, qui se nourrit de la moindre beauté, qui demande à éclore et à éblouir.
La beauté triste révèle alors la flamboyante, la précieuse.
Un récit émouvant qui recèle en son cœur la force herculéenne de surmonter les aléas d’une vie vouée à l’échec. Elle la défie avec fracas et claironne que sa vie lui appartient dans ce monde où la beauté est devenue superficielle.

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