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Mon avis

Ce roman aurait pu être un conte dont la fin aurait scandé la fameuse ritournelle « ils vécurent heureux ». Sauf qu’ici, dans la réalité, les dés sont pipés dès le départ. Atteindre ce simple bonheur se révèle être le parcours du combattant.

 

L’histoire commence ici, mais elle dure depuis des décennies. Une sorte d’héritage transgénérationnel inscrit dans l’ADN. L’histoire commence, pourtant, ici. Un jeune Indien plein de vie, abattu de sang-froid par un flic blanc plein de zèle et de fief. L’histoire commence ici et tout s’effondre. Une famille anéantie. Une mère qui tombe dans la dépression. Un père qui perd tous ses repères. Une grande sœur esseulée qui s’accroche à l’amour toxique. Un petit frère perdu dans les limbes de la désolation et de la culpabilité.

 

Alors que la date d’anniversaire de ce dernier jour de vie s’approche à grands pas, les voix emplies de tristesse s’élèvent. 

 

Roman choral dans lequel suinte le regret, la colère, la douleur, le deuil et l’injustice, il se dresse dans un dernier sursaut où l’espoir s’invite aux côtés de ce jeune garçon recueilli le temps de quelques jours. Sa voix transperce les limbes. Les lèvres s’étirent dans un timide sourire. Le voile levé. Les souvenirs s’épanouissent, pansent les plaies et ouvrent une autre perspective. Cet espoir trouve son souffle dans l’intemporalité, dans l’héritage de la Trail of tears, dans la sagesse des esprits omniprésents. Il scande le souvenir où la nature guérissait les âmes, où les quêtes les révélaient. 

 

Brandon Hobson signe un roman puissant dans lequel les voix se mêlent. Elles délivrent un message intemporel. C’est un roman où la tristesse prévaut, mais, où la lumière s’immisce discrètement. Il interroge sur les liens familiaux, sur l’injustice. L’abnégation est le moteur principal de ce roman où les croyances et les esprits côtoient la réalité. Un tour de force magnifiquement maîtrisé.