
DOCUMENT
Tana Éditions – Collection Nouveaux Récits
L’histoire d’une diplômée de Sciences Po devenue éleveuse de cochons noirs dans le Gers et militante, face à l’agro-business, de l’alternative du mode de vie paysan, solidaire et joyeux.
Quand Noémie lui dit qu’elle élève maintenant des cochons dans le Gers, Clément décide d’aller voir de ses propres yeux. Il en était resté à Sciences Po, Hong Kong, Londres, la carrière… et il découvre son ancienne camarade, dans la ferme collective où elle s’est installée, en train d’aider une truie à mettre bas au plus froid de la nuit, il l’accompagne dans les ténèbres de l’abattoir et sous les néons de l’atelier où elle découpe les carcasses, bouchère parmi les bouchers. Clément, qui est plutôt végétarien, se pose des questions sur l’élevage à l’heure où le climat se dérègle. Témoin du corps-à-corps de Noémie avec la terre, avec l’animal, avec la vie, avec la mort, il appréhende la complexité d’un sujet trop souvent réduit au débat » pour ou contre la viande « . L’élevage qu’il voit n’est pas celui des vidéos-choc qui circulent sur Internet. Il préfigure le rôle que peuvent jouer les animaux dans un système alimentaire durable, sevré des énergies fossiles, aux antipodes d’une agro-industrie dans l’impasse. Mais, pour l’heure,
les normes favorisent le modèle intensif dominant et poussent Noémie et d’autres petits éleveurs à se battre pour survivre et pouvoir continuer à travailler dans le respect du vivant, guidés par une joyeuse solidarité. Quitte à désobéir.
Dans ce récit immersif, sensible et politique, les voix de Clément Osé et Noémie Calais se conjuguent pour nous emmener des cabanes à cochons au modèle de société que nous devons choisir pour continuer, demain, à nourrir nos corps et nos âmes.
Ma note : 4/5
Mon avis
Voici un récit qui confronte la réalité du terrain et les qu’en dira-t-on. Clément Osé, journaliste, nous plonge dans le quotidien arasant de son amie Noémie Calais. Ils se sont connus sur les bancs de l’université. Noémie était promise à un grand avenir, mais elle en a décidé autrement. Elle est tombée amoureuse du Gers et a repris l’élevage de cochons noirs (race très peu présente en élevage).
Au cœur d’une exploitation communautaire, Noémie a dû se battre dans un monde d’homme. Bouchère et éleveuse, les blagues incongrues sont légion, mais n’ont pas affaibli son déterminisme. Avec son œil peu avisé, le journaliste nous relate les points positifs et négatifs qu’ils soient sur l’exploitation ou de manière plus générale dans le monde agricole. Noémie Calais s’est inscrit dans une démarche biologique et responsable tout le contraire de l’agriculture intensive. Les aberrations d’un système gouvernemental : restrictions et obligations qui ne mettent pas en avant le bien-être animal, plombent les petites exploitations. Des exigences qui tuent de nombreux agriculteurs et agricultrices.
Un récit émouvant d’autant plus que l’exploitation de Noémie se trouve proche de chez moi. Un récit alternant un discours journalistique vulgarisé et interrogeant les consommateurs sur des notions de « bien consommé », de bien-être animal et de respect, et de textes bien plus intimes, extraits du journal personnel de Noémie Calais.
Un ensemble séduisant qui nous ouvre les portes d’un monde méconnu et méjugé. N’oublions pas que nous pouvons manger grâce aux agriculteurs et aux agricultrices et qu’ils sont loin d’avoir des conditions de travail digne d’un bureau à la défense.

Laisser un commentaire