LE TEMPS DES CERISES de Montserrat Roig.

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LITTÉRATURE CATALANE

Éditions La Croisée

Printemps 1974. Après douze ans à Paris et à Londres, Natàlia Miralpeix revient dans sa ville natale de Barcelone. On lui dit que rien n’a changé, mais tout a changé : la révolution sexuelle, politique et artistique bouillonne. Franco est au pouvoir, mais plus pour longtemps. La jeune génération va renverser les autres. Natàlia découvre comment le temps, la guerre et la politique ont abîmé ses proches. Son père, lui, demeure introuvable.
Le Temps des cerises est la saga époustouflante d’une famille catalane en perte de repères, racontée dans un style féroce qui défie les conventions. La ville de Barcelone y est un personnage tour à tour chaleureux et inquiétant, et les femmes portent en elles les germes d’un féminisme à venir, d’une vie enfin à soi.
Montserrat Roig est une figure majeure des lettres catalanes. Elle est considérée comme la pionnière d’une vision féministe et engagée de la littérature, à l’instar d’Annie Ernaux en France. Son œuvre romanesque n’avait encore jamais été publiée en France. Traduit du catalan par Marc Audi.
Ma note : 4/5

Mon avis

A la lecture des premières phrases, il m’est apparu évident que ce roman ne me laisserait pas indifférente. J’ai perçu ce feu ardent qui couve sous les gravats des maux d’une société revendicative et je me suis laissé embarquer par l’énergie pure et bouillonnante de Montserrat Roig. 

 

Dans un contexte géopolitique instable, La Catalogne dont Barcelone est le théâtre de nombreux débats. Alors que le régime de Franco s’installe au pouvoir et que les exécutions deviennent monnaie courante, Natàlia Miralpeix décide de partir. Un exil loin des douleurs que le temps n’effacera pas. A son retour, pensant qu’elle croyait faire face à un découragement, elle est étonnée de retrouver une ville qui pétille d’une liberté désirée.

 

Entre passé et présent, selon différents points de vue, le récit s’organise tel un kaléidoscope. On plonge dans l’intimité de chacun et nous découvrons leurs aspirations, leurs désirs, leurs peurs. L’émancipation du modèle familial espagnol s’invite timidement et l’auteure offre une nouvelle voie de considération et de la place de la femme. Edité en 1977 en Espagne, ce roman a dû faire l’effet d’une bombe, car il y aborde l’avortement, les exactions, la place de la femme et ses désirs et tant d’autres sujets. Mais à l’heure actuelle, ce roman nous rappelle que nos libertés ne tiennent parfois qu’à un fil et que le combat ne doit jamais cesser. Prémices au féminisme, le message délivré est un cri du cœur, du corps et de l’âme. 

 

Un roman porté par une plume incisive et combative empruntant la légèreté de la poésie chatoyante. Une immersion plaisante parfois douloureuse où les cicatrices ont une histoire.

 

« Quand vous en serez au temps des cerises,
Si vous avez peur des chagrins d’amour
Evitez les belles.
Moi qui ne crains pas les peines cruelles,
Je ne vivrai pas sans souffrir un jour.
Quand vous en serez au temps des cerises,
Vous aurez aussi des chagrins d’amour. »
Jean Baptise Clément, 1866

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