DOGRUN, un roman d’Arthur Nersesian.

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LITTÉRATURE CONTEMPORAINE

Éditions La Croisée

Quand Mary revient un soir dans son appartement de l’East Village, elle n’est pas surprise de trouver Primo, son nouveau petit ami, avachi devant la télé. Mais quand elle réalise  qu’il  est mort, une tout autre histoire débute… Seule avec le chien de Primo sur les bras, Mary va tenter de retrouver les proches du défunt, et alors qu’elle remonte les rues de la ville en quête d’informations, ses rencontres lèvent le voile sur celui  qu’elle connaissait bien peu. Mary, avec sa meilleure amie, son groupe de punk, et une galerie d’ex plus ou moins sympathiques, va aussi en apprendre beaucoup sur elle.
Dogrun  est le second roman d’Arthur Nersesian, écrit après le grand succès de  Fuck Up. L’auteur y poursuit  son hilarante fresque des vrais new yorkais avec une ironie inimitable, portée cette fois par une  héroïne féroce à contre-pied des clichés.  Les Éditions La croisée s’attachent à faire découvrir toute l’œuvre de cet auteur irrésistible. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Charles Bonnot.
Ma note : 4,5/5

Chienne de vie

Arthur Nersesian a le talent indéniable de raconter des histoires dégoulinantes de charme New-Yorkais. Mary, héroïne badass, perdue et éperdue de ce macchabée de petit copain, qu’elle retrouve raide-mort dans son salon. Primo n’avait rien avoir avec un Don Juan, il avait tout de l’artiste maudit et tourmenté qui végétait de longues heures sur le canapé miteux face à une télévision diffusant la vulgarité du monde. Malgré les reproches dont elle pourrait lui tenir rigueur, elle part à la recherche de ses amis pour lui offrir un dernier hommage. De fil en aiguille, elle découvre l’homme qu’il était, un homme à l’ego surdimensionné, manipulateur et affabulateur. 
 

Déambulations nocturnes

De rues en rues, de petits boulots en petits boulots minables, de bars miteux en bars peuplés, Mary part à la conquête du passé, celui de Primo et du sien par inadvertance. Une quête chaloupée par le rythme des rencontres, des amitiés tangibles et de ce groupe de rock qu’elle intègre par hasard. Ces révélations ont un goût amer du foutage de gueule, rehaussées par l’odeur âcre des trottoirs. Irrésistiblement voyeuse, foutrement dérangeante et irrésistiblement choquante, cette aventure urbaine révèle, pas après pas, les vérités floutées par la mauvaise foi humaine. Atmosphère dilettante, scabreux, les rues deviennent un personnage à part entière du récit. Un rôle sur mesure où la crasse noirceur vient contrebalancer la vorace envie d’une meilleure vie. 
 

Polaroïd

Instantanés sulfureux, Arthur Nersesian décrit l’essence même, de ce New-York empêtré et éblouissant. Une écriture achalandée par la multitude et l’effervescence de la citée qui ne dort jamais, nous porte au cœur de la vie. L’amour et l’amitié, comme une marchandise marchandable, sont le moteur d’un récit prenant et captivant. Il nous plonge dans cette intimité à la limite flouée par l’abandon et l’espoir. On rit. On gueule comme un charretier. On crie tout l’abandon de l’amour et la désillusion du rêve qui ne demande qu’à exister.

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