
ROMAN GRAPHIQUE
Éditions Dupuis – Collection Aire Libre
7 décembre 1941 : alors que Pearl Harbor pousse les États-Unis à entrer en guerre contre le Japon, le jeune psychiatre Alan Cole exerce à l’hôpital de San Diego. Exempté de conscription, il décide toutefois de s’engager sous la pression de son futur beau-père, général à la retraite qui ne donnera sa fille qu’à « un homme, un vrai »… C’est ainsi qu’Alan va se retrouver à examiner tous les nouveaux marines, avec pour objectif d’écarter ceux dont le comportement pourrait nuire à la cohésion des troupes : délinquants, alcooliques et surtout les homosexuels, considérés à l’époque au mieux comme des malades mentaux, au pire comme des criminels. Mais Cole, en rencontrant, Merle Gore, jeune GI plein d’assurance, va en tomber amoureux… Ensemble, Alan et Merle devront non seulement survivre aux offensives des Japonais mais également aux purges anti-homosexuelles de l’armée US !
Après le succès international de La Bombe, Alcante traite un sujet tout aussi universel, où il déploie son sens du récit et du détail historique, aidé par le trait doux mais efficace de Bernardo Muñoz.
Ma note : 4/5
Patrie et peur
1941, Pearl Harbor, les États-Unis rentrent en guerre. Les hommes sont mobilisés, certains exemptés de conscription. Alan Cole est alors un jeune psychologue de talent. Sa ténacité et son obstination, à vouloir comprendre les mécanismes de la psyché ne sont pas au goût de son beau-père, général à la retraite. Il ne pourra épouser sa fille que lorsqu’il aura prouvé qu’il est un véritable homme et qu’il aura fait la guerre. Cette pression le pousse à s’engager. Désormais, il accueillera les nouvelles recrues en leur faisant passer des tests pour écarter les délinquants, alcooliques et personnes déviantes, comprenez les homosexuels. Ce tri vise à ne pas ternir l’image de l’armée et de créer une certaine équité dans les groupes. Alan Cole voit d’un très mauvais œil ces directives. C’est ainsi que débarque Merle Gore, un jeune rancher dynamique qui dégage un charme de fou et qui n’a pas sa langue dans la poche. Alors qu’Alan se bat contre son attirance, Merle ne s’en cache pas. Entre désir et pression, les jeunes hommes affrontent la guerre et les préjugés violents.
Alcante nous offre une histoire bouleversante qui nous paraît impossible aujourd’hui. Ce n’est que le 20 septembre 2011 que la loi dite « don’t ask, don’t tell » est enfin abolie sous la présidence de Barack Obama qui a précisé : « Nous ne devrions pas punir des Américains patriotes qui se sont portés volontaires pour servir ce pays. Nous devrions louer leur volonté de montrer tant de courage et de désintéressement au nom de leurs concitoyens, spécialement quand ils combattent dans deux guerres. »
Si dans un premier temps, j’ai pensé que le scénario était tiré d’une histoire vraie, après mes recherches, ce n’est pas le cas. Mais il est évident qu’Alcante s’est inspiré de témoignages et autres. Le contexte géopolitique et social dénote une prise de pouvoir considérable. La pression, très bien représentée, fait que les homosexuels sont obligés de se cacher. 70 ans d’un combat pour qu’ils puissent intégrer l’armée sans se cacher, et tant d’autres combats qui ont certes remporté des batailles, mais les disparités concernant les droits sont toujours bafoués.

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