LITTÉRATURE CONTEMPORAINE

Éditions La Croisée

Roman d’apprentissage teinté de sensations étranges, Un éclair bleu azur met en scène Son Mi-ok, jeune fille au sein d’une famille coréenne entachée par la perte du travail du père. En grandissant, les relations de Son Mi-ok avec les siens, ses amis et son petit ami vont construire sa personnalité, tour à tour trouble, inquiétante, et émouvante. Jeune femme à la voix frappante, Son Mi-ok raconte son rapport à son corps, sa sexualité, la nourriture et la littérature. Kwon Yeo-sun a fait de son personnage, à contre-pied des voix traditionnelles, le symbole explosif de la génération coréenne des années 1980 égarée dans les bouleversements du pays. Traduit du coréen par Kevin Jasmin Hamard.
Ma note : 4/5

Le poids de la tradition

Premier roman de Kwon Yeo-Sun, édité en 1996, « Un éclair bleu azur » dénote par sa forme et son fond. Un rythme achalandé construit autour de l’alternance du présent et du passé, le roman délivre avec une certaine langueur une histoire bouleversante.

 

Son Mi-Ok a grandi au sein d’une famille désunie où la tradition pèse de tout son poids. Son père, marin, qui nourrit sa famille et sa belle-famille, dans un premier temps, devient suite à la perte de son travail, la bête noire de la famille. Le malaise s’installe rapidement entre le rejet de la situation du père de famille, la fuite et le déni du reste du foyer. Son Mi-Ok voue à son père une certaine admiration et crainte. Un modèle bancal pour la jeune femme qui tente de s’affirmer dans une société pétrie par la tradition et la modernité. 

 

Entre sa fascination pour la beauté, la nourriture, la littérature et l’alcool, Son Mi-Ok se perd souvent dans les méandres d’une société à deux vitesses. Son intégration à l’université est une véritable déflagration où ses états d’âmes, ses questions existentielles, la découverte des émotions et de son corps sont une étape cruciale dans sa construction. 

 

Kwon Yeo-Sun bouscule les mœurs avec un roman ouvertement contestataire, dénigrant la pression traditionnelle et la crainte de l’ouverture au monde, pressenti comme étant quelque chose de mauvais. Ce roman nous porte dans les fabulations poétiques et violentes d’une vie étiolée. Clameurs d’une génération sacrifiée. C’est à la fois puissant et bouleversant. Une lecture exigeante où le mot d’ordre est de se laisser porter par le ressac de la virtuosité de la plume de Kwon Yeo-Sun.

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