LA VALLÉE un roman d’Arnaud Sagnard.

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LITTÉRATURE CONTEMPORAINE

Éditions Seuil – Collection Cadre Rouge

À Missery, dans le Morvan, Thomas dédaigne les récoltes et l’élevage de ses parents, préférant passer tout son temps devant un ordinateur.
Codeur surdoué, il est engagé par une start-up franco-américaine à Paris. Là-bas, dans le plus grand secret, il participe à la création du Programme, dont le but est de donner vie aux héros de pixels. Conscient qu’il est en train de mettre fin à la séparation ancestrale entre réalité et fiction, Thomas doute : accomplir son rêve de conquête de la Silicon Valley vaut-il les risques qu’il fait courir à l’équilibre du monde ?

La non-consistance du monde

De son enfance au Morvan à parcourir les chemins avec ses copains et à passer ses soirées devant son ordinateur, à intégrer une start-up à Paris, il n’y avait qu’un pas. Thomas est un petit génie de l’informatique. Son dada, coder sans relâche, tout en étant capable de déceler des erreurs qui pourraient nuire au bon fonctionnement du programme. Thomas n’a jamais eu la prétention de changer le monde. Il se contente d’effectuer le travail demandé. Pourtant, très vite, ses missions prennent une saveur amère et elles remettent en question la déontologie et ses valeurs.

 

Arnaud Sagnard nous invite à nous interroger sur la place prépondérante de la dématérialisation et du numérique sur nos quotidiens. Un roman aux allures dystopiques, qui, pourtant, reflètent l’évolution de notre société. Nos gestes actionnent sans cesse cet outil : nos téléphones, nos ordinateurs… Et prend peu à peu l’espace consacré à nos loisirs. Dans le monde de Thomas, ce Programme offre une alternative. Celle de vivre dans un monde fictif.
Au travers de son personnage, l’auteur se questionne sur la place de l’humain dans ce monde, sur l’importance des relations humaines, familiales, amicales et amoureuses, sur la beauté de la nature et du monde. Le libre-arbitre devient la clef d’un cheminement coercitif de la pensée individuelle au service de la collectivité. Un débat intérieur où les valeurs et l’égoïsme se jouent une terrible bataille de bon sens. Entre appât du gain et humanité, la faiblesse humaine est mise à l’épreuve. De longues introspections jalonnent le récit avec une immersion dépaysante au sein de la nature. A contre-sens, de la chevauchée vers le tout numérique/technologique.

 

Un roman animé par un dynamisme entraînant, pour lequel Arnaud Sagnard explore cette thématique avec conviction. Toutefois, le final laisse sur ce goût d’inachevé, obligeant le lecteur à un effort d’imagination et de contextualisation. Un effet tranchant et je pense voulu afin que le lecteur puisse apporter sa propre fin. Le retour à la nature et à l’essentiel où l’espoir d’un monde meilleur sans clivage, prédomine dans ces derniers paragraphes.

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