
DYSTOPIE
Éditions La Croisée
Alors qu’une pluie ininterrompue s’abat sur la planète, trois soeurs londoniennes se réunissent, à la mort de leur père éminent architecte, dans la spectaculaire maison de verre qu’il a construite sur l’eau. Griefs et rancoeurs resurgissent, la bataille pour l’héritage commence. Mais les soeurs ignorent la véritable raison de leur présence ici. Roman gothique contemporain mêlant famille dysfonctionnelle, amours queer, ambiance post-apocalyptique et humour noir, CEREMONIE D’ORAGE est la quintessence romanesque d’une nouvelle génération d’écrivaines, telles Mariana Enriquez et Emily St John Mandel, qui joue avec les genres et nous emporte dans une intrigue haletante aux codes renouvelés.
« Pluie perpétuelle »
Un Londres, les pieds dans l’eau, la tête dans la brume. Une cité sombrant peu à peu dans la mélancolie des jours. La pluie ne cesse de tomber. Partout, ici et ailleurs. La discontinuité d’un état où la vie se dissout dans l’immuabilité d’une réalité sombre.
La ville est un personnage à part entière. Le témoin de l’absurdité humaine, le veilleur des âmes qui se perdent et le gardien des souvenirs. La ville vrille, respire, halète au grès de ces vagues tempétueuses qui viennent du fond des entrailles. Et, dans cette ville, trois sœurs. Isla, Irene et Agnes, liées par leur unique parent, un père reconnu pour ses talents d’architecte et d’ingéniosité et haït pour être leur unique père.
Elles ont grandi dans la douce obsession de l’absolution divine, jusqu’à que leur mère décide de quitter ce monde, remplacée rapidement par la mère d’Agnes. Seule face à l’autoritarisme d’un homme manipulateur, elle se forge des mécanismes de défense. La peur, de l’abandon, la peur de l’attachement, la peur de l’amour, la peur des hommes, la peur de perdre le contrôle, la peur de ne pas se comprendre. La sororité en pâtit. Elle vacille pour ne plus être que ce fil tenu et si fragile. Les non-dits solidifient les fondations de leur propre emmurement. La mort de leur père ranime les rancœurs, les peurs, l’incompréhension. Pourtant, l’amour maladroit semble illuminer les âmes meurtries par la violence psychologique. Il se révélera dans cet ultime soubresaut avant que tout ne s’effondre.
Julia Armfield raconte la fin avec une franchise déconcertante. Comment vivre quand tout fout le camp ? Comment sourire quand la noirceur suinte partout ? Comment s’affranchir des secrets familiaux ? Comment penser à l’avenir quand vivre est de survivre ? Julia Armfiled nous confronte à nos peurs et à nos angoisses. Un récit mélancolique qui nous pousse dans nos retranchements et où la lumière s’infiltre dans ces instants fugaces. Une baignade improvisée, un baiser langoureux prometteur de plaisirs, une caresse, un sourire, un regard, un projet … Julia Armfield aime jouer avec les doutes et les contrastes rendant parfois l’atmosphère opaque où au contraire est vivifiante.

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