LITTÉRATURE CONTEMPORAINE

Éditions Academia – Collection Évasion

Cyprien n’est pas con, il est idiot. Et cela fait toute la différence !
Ses tatouages lui servent d’album-souvenir. Lorsqu’il se regarde dans le miroir, il songe aux filles qu’il a rencontrées ou aux histoires qu’il (se) raconte pour être le héros de sa vie.
Quand il cesse de rêver, les choses se gâtent, et les ennuis commencent pour ceux qui le contrarient. Mais la souricière se met en place…

Encrée pour toujours.

Cyprien est ce que le nomme communément « l’idiot du village ». Peut-être cela est dû à une enfance violentée par un père qui aime trop le ceinturon, qui tue les poules d’une manière infâme et qui impose ses volontés rabaissants ? Une mère attentionnée, soumise au chef de famille, mais qui a la gentillesse gravée dans le cœur. Les premières années de vie de Cyprien n’ont rien d’idyllique. Cyprien, à l’âge adulte, vadrouille ici et là, alors qu’il n’a pas de permis de conduire. Le jeune homme a souvent la mémoire qui flanche. Se rappeler les événements récents est un parcours du combattant. Le remède : se les faire tatouer. D’ailleurs, son dernier tatouage est sa dernière chérie dont il ne se rappelle plus le prénom, mais dont son pied est caché sous les lattes de son plancher. Oui, cette soirée, il s’en souvient parfaitement.

 

1978, la peine de mort est encore de rigueur, l’arrestation de Cyprien défraye la chronique. Son incarcération est loin d’être de tout repos, en attendant son jugement. Jacques Lagneaux, qui se base sur des faits réels, retrace ici une histoire bien sombre pendant laquelle il aborde des thèmes conséquents. Comme la maltraitance infantile, l’absence de discernement entre le bien et le mal, l’incohérence entre le réel et l’irréalité, la conscience étriquée de l’environnement, les conséquences de la violence et de la manipulation. Cyprien est l’idiot du village, mais réside en lui un petit garçon malheureux et triste.

 

C’est un premier roman bouleversant où l’atmosphère s’épaissit au fil des pages. Il y a une telle différence entre les émotions ressenties et celles que dégage le personnage principal. Jacques Lagneaux soulève, dans le contexte historique et politique français, la notion de responsabilité. En effet, si ce terme est acquis dans notre système judiciaire, en 1978, ce n’est pas le cas, résultant sur le dernier supplice. Ce premier roman est remarquable tant par sa construction que par sa narration. Une écriture rythmée qui joue avec l’horreur de la situation et l’évidence et qui crée une ambiance typique des vieux films policiers.

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