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LITTÉRATURE CONTEMPORAINE

Éditions Albin Michel – Collection Terres d’Amérique

«T’es quoi, au juste ? Cette question, on te la posera tout au long du collège et du lycée, puis, une fois jeté dans le monde, dans les clubs de striptease, les restaurants, au téléphone et dans les divers métiers ingrats que tu exerceras. »

Trop noir pour être Latino, pas assez pour être Jamaïcain : Trelawny, qui a grandi aux États-Unis après que ses parents ont quitté Kingston, n’entre dans aucune case. Au sein de cette Amérique où l’on prête serment à la bannière étoilée, il reste un étranger.

En cherchant désespérément sa réelle identité, et sans bénéficier du soutien des siens – un père absent, un frère peu fiable -, le jeune homme va être confronté à l’expérience de la solitude et à l’omniprésence du racisme, y compris dans sa propre communauté. Et va devoir décider quel genre d’homme il souhaite être dans ce monde qui est le nôtre.

Finaliste du National Book Award et du Booker Prize, Si je te survis marque l’entrée en littérature d’une formidable nouvelle voix. Né au Texas, Jonathan Escoffery a grandi en Floride dans une famille d’origine jamaïcaine. Avec lucidité et humour, il raconte au fil des pages l’identité et l’appartenance, l’exil intérieur et la construction de soi. Traduit de l’américain par Alexeï du Périer.

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Être de nulle part.

Quête identitaire, quête patriotique, Trelawny a toujours été confronté à cette réalité moribonde. Entre ses origines jamaïcaines et ses racines américaines, il n’a jamais été à la hauteur pour appartenir à l’un et à l’autre. Une couleur de peau trop sombre pour les uns, un vocabulaire trop Yankee pour les autres. Une ambivalence désunie qui marque profondément le jeune homme. Il navigue en eaux troubles où le socle familial bancal accentuera cette crise identitaire l’amenant sur le chemin alambiqué de sa propre quête. 

Construit tel un recueil de nouvelles, Jonathan Escoffery explore cette thématique avec force et conviction. Situations cocasses et événements douloureux parsèment un récit intransigeant et révélateur d’une société pétrie de convictions nauséabondes. Une plume vive, sans filtre et teintée d’une humour tranchant, retrace des fragments de la vie de Trelawny. Ces derniers sont centrés sur des moments clé révélant les difficultés à s’affirmer en tant que personne qui doit faire face au racisme, à l’intolérance, à la curiosité, à la violence, aux jugements et au rejet de la famille. 

C’est un roman touchant et sa construction narrative l’accentue. Toutefois, ce premier roman manque de profondeur et cette attente le pénalise. Malgré cela, la thématique est finement travaillée menant le récit vers un final à la fois concret et évasif.