LITTÉRATURE CONTEMPORAINE

Éditions Points

Un matin, un garçon d’étage de l’hôtel Lutetia découvre un couple d’octogénaires main dans la main, endormis pour l’éternité. Un geste qui a certes du panache, mais Ezra et Maud ont-ils pensé à leur fille Eléonore ? En découvrant leur mort spectaculaire et leur projet de funérailles extravagantes, celle-ci est en proie à l’incompréhension et au chagrin. Tout ce tapage est-il seulement l’ultime coup d’éclat d’un couple de publicitaires, incarnation vibrante d’une époque ? Ne serait-il pas aussi témoignage d’amour maladroit, absurde mais d’amour malgré tout ?

À la vie, à la mort.

Émilie Frèche s’empare d’un fait divers datant de 2013, la découverte d’un couple mort dans une chambre de l’hôtel Lutetia, à Paris. Ce qui suit ne relève que de son imagination, mais la revendication et la thématique restent, quant à eux, actuels.

 

Ses personnages, les époux Kerr, se sont construits à la force de leur courage et de leur bravoure. Orphelins, suite à la Seconde Guerre mondiale, leur audace les pousse à ouvrir leur boîte de publicité. Très vite, leur style est remarqué et leur ascension ne s’arrêtera plus. Les amoureux, Maud et Erza, sont inséparables, bâtissant, ensemble leur empire. De cette incroyable union, naît Éléonore. Fille unique, ses parents ne sont qu’une simple illusion. Entre amour idéalisé et réalité, leurs vies s’entrechoquent. Leur dernier coup de théâtre est à leur image tout aussi excentrique. Main dans la main, dans une chambre luxueuse, ils se sont donné la mort. Leur fille n’était pas au courant de projet funeste. Seul, une tierce personne qui sera chargé d’exécuter leurs dernières volontés, aura partagé la préparation de cet acte.

 

Cadeau empoissonné, geste incompris, fureur, désarroi, désappointée, Éléonore ne sait quoi penser de leur héritage, de leur désirât, de leur folie. Grâce à son cheminement, à ses discussions, à ses interrogations, elle retrace leur vie et tente de mettre en exergue leur dernier choix. Le passé se confronte au présent avec un intérêt chargé de colère et d’incompréhension. Elle relate leur couple, leurs qualités, leurs défauts, leurs manières d’appréhender la vie, celle fait de coupes de champagne, de mannequins, de voyages et de sacs hors de prix.

 

Au-delà, de ces apparences, leur lente mise au ban de la société, leur âge avancé, tout autant d’arguments qui ont favorisé cette décision insensée : le pacte suicidaire. Une revendication du droit de mourir ensemble au moment choisi. Un débat intense se déroule tout au long du récit avec un argumentaire riche et exploré du côté des deux parties. Émile Frèche l’explore avec conviction et nous offre un roman qui suscite bons nombres de questions. 

 

Malgré l’utilité et l’importance de la thématique, je n’ai pas adhéré à l’histoire. Les personnages m’ont semblé antipathiques. Leur rang social m’a dérangé. Comme si c’était un problème de riche. J’aurais aimé avoir le point de vue du couple et non une lettre sans saveur et froide, au possible, qui n’explique même pas leur geste. Le point de vue d’Éléonore n’a pas résonné en moi et encore moins celui de son fils qui prend le parti de glorifier ses grands-parents. De la figuration, bien plus que de l’humain.

 

Ceci n’est que mon point de vue, je vous invite grandement à vous faire votre propre avis. 

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