LITTÉRATURE CONTEMPORAINE

Éditions Points

Comment vivre après avoir propagé la mort ?
Voici l’histoire vraie du jeune pilote Claude Eatherly qui, le 6 août 1945, participe au bombardement d’Hiroshima. Démobilisé, il est accueilli en héros à son retour mais s’enferme dans le mutisme. Une étrange voix le hante. Qui est-elle ? Que veut-elle ? Et si c’était la voix de sa conscience ? Déboussolé, assailli par des visions d’horreur, Eatherly entraîne sa femme et ses enfants dans une chute inexorable, alors que les autorités le font passer pour fou. Un roman sur la gloire et le remords, ou le portrait profondément humain d’un héros malgré lui.

L’innommable

La Seconde Guerre mondiale, Pearl Harbor, Hiroshima … L’escalade de la violence. Aucun homme, aucune femme n’est préparés à ces jours sombres. Victimes, bourreaux, une dualité ancrée.

 

Claude Eatherly n’a jamais été friand de la guerre. Pourtant, il s’engage pour faire comme ses grands frères, faire plaisir à son père, texan, et prolongé la lignée de fiers soldats. La guerre est loin de lui. Il mène à bien ses missions, pilote son avion, il se marie à la belle Anna, italienne mais américaine et surtout comédienne. Une idylle surprise mais honnête de laquelle naîtra deux garçons. 

 

 
Puis la guerre, il y va. Là-bas, non loin du Japon. Des vols de reconnaissances, de l’alcool à gogo, l’ennui, l’attente, puis la surprise meurtrière. Il n’y a rien de magnifique dans la destruction massive, dans ce champignon qui s’érige dans le ciel, dans cette douleur omniprésente, dans ces cendres qui couvrent la ville, dans ces visages, ces corps détruits, dans cette voix qui s’invite par la suite. Claude est en proie à un mal silencieux. Cette voix qui s’infiltre dans ses pensées, ses nuits et ses jours. De retour au pays, il est acclamé comme le héros qui ne veut pas être. Puis, enfin, la descente en enfer s’amorce pernicieusement. 
 
Un roman qui frappe en plein dans la poitrine et qui ouvre la boîte de Pandore. Si le contexte géopolitique est succinctement rappelé, l’essentiel se trouve auprès des personnages. Une victime, un bourreau et une épouse aux abois. Le récit est magnifiquement achalandé autour de ces trois personnages qui nous délivrent sans philtre leurs réflexions, leurs doutes, leurs haines, leurs tristesses, leurs espoirs, leurs peurs, leurs faiblesses. Sébastien Spitzer mène à merveille les différents fronts de l’histoire, pour un rendu totalement captivant, haletant et émouvant. C’est une histoire dure, mais qui sonne un héritage essentiel aux souvenirs de ce qui a été et qui pourrait être. L’auteur met l’accent sur l’obligation faite aux hommes de paraître viril et fort, alors que le Stress Post Traumatique (non identifié à l’époque) fait des ravages et qui leur impossible de reconstruire sereinement.
 
C’est une histoire bouleversante et intense où rien n’est épargné aux lecteurs.

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