
Littérature contemporaine
Éditions La Croisée
1979, à Barcelone. Natàlia Miralpeix trouve le journal intime de sa mère Judit et le confie à son amie Norma, écrivaine, pour qu’elle en fasse un roman. Norma découvre que Judit, mariée à Joan parti à la guerre,a élevé seule ses enfants, avec pour seule confidente la fougueuse et bohème Kati, éprise d’un soldat des Brigades internationales pendant la Guerre d’Espagne.L’écrivaine comprend que le destin des deux femmes a été soumis à celui des hommes et à la grande Histoire. Et Norma, catalane de la nouvelle génération, est-elle aussi indépendante qu’elle le croit ?
Œuvrant à sa saga magistrale des Barcelonaises, Roig fait tourbillonner tourments amoureux, tragédies familiales et regrets dévorants, dans ce roman majeur de la littérature catalane au style audacieux et libre, à l’image de Roig elle-même. Par la force de sa plume et de son engagement, Montserrat Roig, également autrice du Temps des cerises, est désormais saluée dans le monde entier. Son œuvre est placée aux côtés de celles d’Annie Ernaux ou de Goliarda Sapienza. Traduit du catalan par Marc Audí.
Être une femme
« Je t’appellerai, de si loin, pour te dire seulement que je t’aime. Nier, nier, je t’aime, je t’aime. Je désire ta peau jeune, à en mourir. Et ton baiser tiède, mon ange. Les fantômes se déplaçaient, languissants, autour d’elle, des peaux tannées, séchées, noircies, des rides profondes sur les joues. C’était la danse de la mort. Je voudrais perdre ma mémoire et disparaître dans tes eaux. Et t’accueillir comme la terre humide sur tes rives. Ou bien m’allonger sur ton corps et comme l’arbre qui pousse sur une bouture, monter au ciel. »
Montserrat Roig aime bousculer l’idéalisme de la femme et des codes qui lui sied depuis des siècles et des siècles. Barcelone : La fin de la guerre, Franco, les camps de concentration, le léninisme ; la ville bouillonne d’un renouveau saisissant. Elle s’agite après la petite mort et renaît. Les femmes marquées dans leur chair par l’attente, les privations, la faim, la mort, scandent la liberté, l’émancipation.
Au travers des portraits de trois femmes, Montserrat Roig parle de l’amour, des obligations, de la maternité et des hommes. Ceux qui aiment sans aimer, ceux qui aiment ailleurs, ceux qui blessent, ceux qui marquent l’âme et le corps. L’amour divin, obsédant, se pare de ses couleurs ardentes. Telle Pénélope qui attend Ulysse, ces attentes façonnent l’idéalisme masculin et féminin.
Un roman percutant qui use de dissonance pour mieux s’imprégner des messages, des blessures, des rêves. Prouesses de réflexions et de doutes, Montserrat Roig nous y immerge. Elle y crie la douleur de l’amour, la passion de la perte, la mélancolie des sentiments, l’ivresse des premiers émois, la fougue des mots. Un roman choral, des époques différentes, des aspirations diverses ; Montserrat Roig explore l’universalité de la femme dans sa splendeur.

Laisser un commentaire