La vie d’Émilienne, c’est le Paradis. Cette ferme isolée, au bout d’un chemin sinueux. C’est là qu’elle élève seule, avec pour uniques ressources son courage et sa terre, ses deux petits-enfants, Blanche et Gabriel. Les saisons se suivent, ils grandissent. Jusqu’à ce que l’adolescence arrive et, avec elle, le premier amour de Blanche, celui qui dévaste tout sur son passage. Il s’appelle Alexandre. Leur couple se forge. Mais la passion que Blanche voue au Paradis la domine tout entière, quand Alexandre, dévoré par son ambition, veut partir en ville, réussir. Alors leurs mondes se déchirent. Et vient la vengeance.
Une bête au Paradis est l’histoire d’une lignée de femmes possédées par leur terre. Un huis clos fiévreux hanté par la folie, le désir et la liberté.
Un coin de paradis tenu par Emilienne. Force de la nature, vaillante, attachée à ce bout de terre, Emilienne y a bâti une vie ancrée, laborieuse et où l’amour attendrit la rudesse que réclame la terre. Mère puis veuve, elle subit la perte de sa fille et de son gendre. Blanche et Gabriel deviennent son autre combat, celui de compenser cette tragédie. Si Gabriel et son corps malingre sont abattus, Blanche croque la vie et se voue entièrement aux travaux de la ferme. L’amour la transfigure, celui qu’elle éprouve pour Alexandre est pur, transcendant et merveilleux. Un amour de jeunesse où tous les espoirs, tous les futurs deviennent une possibilité de bonheur et de joie. Alors quand Alexandre annonce qu’il part à la ville pour faire ses études, Blanche dépérit, plonge dans les abysses douloureux de sa folie, de sa rage.
Cécile Coulon nous immerge dans un huis clos à la fois tragique et théâtral. Cette minutie dramatique, sa spécificité d’aborder l’infiniment psychologique et sa plume rendent l’histoire particulière, sous tension et éblouissante. La nature, la vie et la lumière sont le témoin d’une transformation inéluctable et malfaisante. La noirceur s’infiltre, suinte dont le seul but est de survivre à la tempête émotionnelle, à l’abandon et à l’hypocrisie.
Un roman truculent, où le féminin s’épanche et prend le contrôle, qui peu à peu est terrassé par le noir, l’outre noir.
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