Jin, artiste taciturne et marginal, puise son inspiration dans la noirceur humaine, tandis que Carmen, jolie rose des villes, ne s’épanouit qu’au travers du regard des autres. Ils n’ont qu’une seule chose en commun : l’amour de l’art. En dehors de ça, c’est simple, ils se détestent.
Et lorsque l’occasion se présente pour Jin de percer à jour celle qui excelle dans l’art du paraître et qu’il considère comme un mystère irrésistible, il n’hésite pas. Tous les coups sont permis pour faire voler en éclats le masque de la jeune femme et, au passage, rafler le prix artistique qu’il convoite depuis des années.
Jeu de dupes et dangereuses illusions tissent alors une toile inextricable autour d’une Carmen… pas si innocente que les apparences le laissent supposer. Et bien moins superficielle que ses réseaux sociaux ne le font croire.
Piégé dans la spirale du mensonge, de la compétition et des faux-semblants, Jin l’ignore encore, mais Carmen est passée maître dans l’art du trompe-l’œil…
A cette époque où les réseaux sociaux sont les vitrines du paraître, cette romance détonne.
Carmen est une star des réseaux sociaux. Sa vie, ses plaisirs, son quotidien, tout y est affiché. Son corps est devenu une image qu’elle se doit absolument de contrôler et de magnifier sinon les sentences de ses abonnés abondent. Cependant et loin de ce glamour envahissant, Carmen voue une passion pour l’art. S’exprimer via le dessin et la peinture est ce qui s’approche le plus de la normalité. Acceptée aux beaux-arts, cette chance est inestimable pour elle.
Jin est un écorché vif. Bouleversé par un événement dramatique alors qu’il n’était qu’un jeune enfant et après s’être muré dans le silence, la peinture a été son exutoire et lui a permis de renouer avec la vie. Taciturne, sombre, un brin machiavélique, cette noirceur lui confère un certain charisme. Jin se bat avec ses propres démons. Ces années, à observer les gens et son empathie lui permettent de décrypter les personnes avec facilité. Lorsqu’il rencontre Carmen, si l’arrogance de la jeune femme l’énerve au plus haut point, il ne passe pas à côté des failles maquillées.
Cette rencontre est placée sous haute tension. Entre méfiance et haine, il ne faut qu’un seul pas pour qu’elle bascule dans les profondeurs de leurs âmes.
Océane Ghanem et Jenn Guerrieri nous offrent un quatre mains surprenant et envoûtant. Elles s’emparent de plusieurs sujets qui font, indéniablement, écho. Le harcèlement, l’emprise, les troubles compulsifs alimentaires, la pression mentale sont développés avec une extrême finesse. Elles dénoncent les conséquences irréversibles de ces actes. Leur histoire est aussi dramatique que touchante et bouleversante. Entre osmose, peur, attraction et répulsion, Carmen et Jin suivent une musique rythmée par leurs propres battements de cœur. Une histoire attendrissante et douloureuse où la renaissance est une belle revanche sur la méchanceté gratuite du monde.
L’art se sublime au diapason des âmes meurtries et des corps malmenés.
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