Lila Mae Watson est une « intuitionniste » : au sein du département d’inspection des ascenseurs pour lequel elle travaille, elle est capable de deviner le moindre défaut d’un appareil rien qu’en mettant le pied dans une cabine. Et elle ne se trompe jamais. Première femme à exercer ce métier, noire de surcroît, elle a beaucoup d’ennemis, dont les empiristes, pour qui seules comptent la technique et la mécanique.
Aussi, lorsque l’ascenseur d’un gratte-ciel placé sous sa surveillance s’écrase, en pleine campagne électorale, Lila Mae ne croit ni à l’erreur humaine ni à l’accident. En décidant d’entrer dans la clandestinité pour mener son enquête, elle pénètre dans un monde de complots et de rivalités occultes et cherche à percer le secret d’un génial inventeur dont le dernier projet pourrait révolutionner la société tout entière…
Publié dans une traduction entièrement révisée, ce livre aux allures de thriller philosophique annonce déjà le talent de l’auteur de Colson Whitehead, son humour grinçant, sa puissance visionnaire et la façon magistrale dont il aborde les questions cruciales de race, de politique et de société. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Catherine Gibert (traduction révisée)

Ma note : 3,5/5 
Réédition 2023
384 pages
Disponible au format numérique et broché
Un New-York alternatif où la verticalité et l’horizontalité se livrent une bataille sans merci. Empiriste contre Intuitionniste, blanc contre noir. Dans ce premier roman Colson Whitehead impose déjà sa manière subjective de confronter les différentes réalités. Une écriture engagée nous ouvrant les portes du combat. Entre allégorie et conte philosophique, Colson Whitehead adore nous pousser dans nos retranchements inconscients où la discrimination raciale et genrée aurait un rôle essentiel dans notre manière conceptuelle et aseptisée d’appréhender et façonner la société moderne. C’est à la fois délicat et brusque. Il aborde sous cet aspect mystérieux et inaltérable la notion de politique, de religion, de société patriarcale misogyne.

 

Tout au long de cette quête, l’héroïne est confrontée à la bassesse humaine, à la manipulation, à la violence et à la lâcheté. Au cours de cette aventure improvisée, sa vision utopiste de la vie est malmenée. Parfois niaise, elle démêle tant bien que mal cet imbroglio. Une quête sous le signe de la folie humaine.

 

« Harlem Shuffle » et « L’Intuitionniste » se ressemblent beaucoup, notamment sur la construction du récit et sur le ton employé par l’auteur. C’est vraiment très singulier et atypique. Une marque de fabrique qui sied à merveille à l’auteur. J’aime cet esprit alambiqué et ces longs paragraphes qui confèrent cette atmosphère intime où les émotions valdinguent la moindre aspérité et dans cette espace cloisonné et sombre cette déconstruction est les prémices de quelque chose de plus grand où les mots auraient la force d’un uppercut pour abattre les velléités humaines.  

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