
LITTÉRATURE CONTEMPORAINE
Éditions Gallimard – Collection Le sentiment géographique
Highlands a été écrit en mouvement. Celui des trains de nuit et des autocars qui m’emportaient là-haut vers le nord de l’Écosse, puis celui des longues marches sur le sol souple de la lande, et enfin ce déplacement d’un autre type, plus intérieur, qui faisait revivre mon enfance à mesure que je m’approchais d’un certain lac sans nom. De retour de mes vagabondages par les herbages et les tourbières, c’est le calme de mon atelier que je retrouvais, sa chaleur, sa musique, sa profondeur. Une caverne aux rideaux tirés où, dès que je fermais les yeux, je repartais vers une lande qu’il ne me restait qu’à peindre. Ce livre est le fruit d’un double travail d’écriture et de peinture proposant non pas un texte classiquement illustré, mais la rencontre entre deux univers créatifs distincts – celui du peintre et celui de l’écrivain qui se rejoignent pour raconter chacun leur version d’une même histoire. J. M.-M.
Ma note : 5/5
Mon avis
Quinze chapitres. Quinze couleurs pour parler d’une émotion qui resurgit du passé, des souvenirs, du présent. Une palette multicolore qui apparaît au grès du roulis d’un train de nuit, d’une angoisse, d’un frémissement d’un bus, des pas dans la lande.
Le narrateur a fui l’oppressant, Paris où son quotidien et son rôle de père et de conjoint n’ont plus aucun sens. Une fuite non calculée qui le porte vers l’Écosse, terre sauvage, terre libératrice, terre de souvenirs d’un voyage familial. Une quête émotionnelle. Une quête des sens. Une quête pour retrouver son enfant intérieur. Celui qui s’émouvait, qui se passionnait, qui adulait. Une quête qui se conclut sur une renaissance saisissante et violente.
Un récit métaphorique pendant lequel l’âme s’accroche pour ne pas sombrer. Un récit bouleversant et touchant porté par une plume qui saisit l’instant T dans l’épanouissement de l’émotion, transmettant cette fusion fatale avec magnificence ou douleur. Un récit combattant la noirceur de l’esprit. Un récit salvateur, libérateur.
Jérôme Magnier-Moreno signe un roman envoûtant où chaque chapitre est une expérience à part. Une expérience littéraire. Une expérience visuelle mise en avant par onze acryliques peintes sur bois par l’auteur (qui signe ses créations du nom de RORCHA). Une expérience unique et atypique. Un moment hors du temps où je me suis perdue dans cette contemplation flamboyante. Tes tons orangé, marron, accompagnés par des tons vert et bleu. Une immersion magique où l’espace n’a plus de frontière, où le ciel devient la terre et vice-versa. Une emprise visuelle qui désert un roman vagabondant au cœur de la solitude et désuétude humaines.

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